Livre: LIEUX SAINTS EN FRANCE

Il y a vingt ans, un vrai miracle s’est produit dans la vie orthodoxe en Occident: toute une série de lieux saints ont été redécouverts par l’Église orthodoxe
et assimilés par elle.

Prêtre Nicolas Nikichine nous fait découvrire les lieux saints français dans son livre, traduite par Catherine Brémeau.

LES RELIQUES DE LA SAINTE
IMPÉRATRICE HÉLÈNE,
ÉGALE AUX APÔTRES

Elles reposent en plein centre de Paris
depuis 1820, dans l’église Saint-Leu-
Saint-Gilles. Avant, du milieu du IXe
siècle jusqu’à la Révolution de 1789,
elles se trouvaient dans un monastère
du diocèse de Reims. La redécouverte
de ce lieu saint a été la première étape
qui nous a ensuite menés vers les autres
en France.

LA COURONNE D’ÉPINES
DU SAUVEUR

La Couronne d’épines du Sauveur,
assurément la principale relique
en France, a été achetée au XIIIe
siècle, en 1238, durant le règne
de Louis IX, déclaré saint par
l’Église catholique, puis ramenée de
Constantinople à Paris. On a édifié
une chapelle pour l’y sauvegarder,
la Sainte-Chapelle (en russe Святая
Часовня), remarquable monument
d’art gothique. Après la Révolution
française, ce lieu est devenu un musée ;
on n’y célèbre plus d’offices religieux.
Depuis 1804 jusqu’à l’incendie de
2019, la Couronne était gardée dans
le trésor de la cathédrale Notre-Dame
de Paris, ne sortant pour la vénération
des fidèles qu’en certaines occasions
exceptionnelles.

LA TUNIQUE DU SEIGNEUR
La Tunique du Seigneur se trouve
à Argenteuil, à seize kilomètres
de Paris. C’est le vêtement sans
coutures de Jésus-Christ, tissé par la
Mère de Dieu, que le Sauveur portait
en montant au Golgotha. En l’an 800,
l’empereur Charlemagne l’a offert à sa
fille Théodrade, prieure au monastère
d’Argenteuil. C’est une relique insigne !
Une petite partie de la Tunique, offerte
il y a quatre cents ans au patriarche
Philarète par le shah de Perse, a servi
à bénir la nouvelle dynastie des
Romanov. Et celle-ci, durant les trois
cents années où elle a régné sur la
Russie, a sorti le pays de la ruine du
Temps des troubles pour le conduire,
au début du XXe siècle, jusqu’aux plus
hauts sommets dans le monde, tant sur
le plan économique qu’artistique ou
scientifique.

LE VOILE DE LA MÈRE DE DIEU
Depuis le IXe siècle, le Voile de la Mère
de Dieu se trouve dans la cathédrale
de Chartres, à quatre-vingt-dix
kilomètres de Paris. Selon la tradition,
la Très Sainte Vierge le portait lors
de l’Annonciation et la de Naissance
du Sauveur. Ce voile a été offert
par l’impératrice de Byzance, Irène,
à Charlemagne. Et c’est le petit-fils de
celui-ci, Charles II le Chauve, qui l’a
déposé dans la cathédrale de Chartres.

LE VÉNÉRABLE CHEF DU
PRÉCURSEUR JEAN LE BAPTISTE

Le Vénérable Chef de saint Jean
le Précurseur a été transporté de
Constantinople à Amiens durant les
croisades. Il repose dans l’immense
cathédrale gothique d’Amiens, la
capitale de la Picardie, à cent-cinquante
kilomètres de Paris. On voit la face
avant de la tête, côté visage.

LA CEINTURE DE LA MÈRE DE DIEU

L’une des ceintures de la Très Sainte
Mère de Dieu est conservée dans la
collégiale Saint-Ours de Loches, près
d’Amboise, dans la vallée de la Loire.
Depuis des siècles, les jeunes femmes
viennent prier en ce lieu pour obtenir
la grâce d’avoir des enfants.

LES RELIQUES DE SAINTE
MARIE- MADELEINE,
ÉGALE AUX APÔTRES

Les reliques de sainte Marie-
Madeleine, égale aux apôtres, se
trouvent dans l’église de la Madeleine
à Paris. Elles représentent une partie
de celles qui sont conservées dans
la basilique de Saint-Maximin ;
elles ont été transportées à Paris
en 1822 pour redonner foi et courage
aux chrétiens après les horreurs
de la Révolution française et les
désastreuses guerres napoléoniennes.

LE VÉNÉRABLE CHEF
DE SAINTE MARIE-MADELEINE,
ÉGALE AUX APÔTRES

Le Vénérable Chef de Marie-Madeleine
se trouve dans la basilique où la sainte
a été enterrée, dans la ville de Saint-
Maximin-la-Sainte-Baume. Selon la
tradition occidentale, Marie-Madeleine
passa les trente dernières années
de sa vie à se repentir saintement dans
la grotte de la Sainte-Baume, près de la
ville de Saint-Maximin.

LES RELIQUES DE SAINT NICOLAS
La basilique Saint-Nicolas à Saint-
Nicolas-de-Port, en Lorraine, est le
principal lieu de vénération des reliques
de saint Nicolas pour les chrétiens
d’Allemagne, d’Autriche, d’Alsace et de
Lorraine. Elles ont été prélevées dans le
lot de reliques apportées à Bari en 1098,
et qui y sont toujours conservées. Et c’est
justement d’ici, de Lorraine, qu’est
partie la coutume d’offrir des cadeaux
pour la fête de saint Nicolas. Durant les
guerres de Religion (protestants contre
catholiques aux XVIe-XVIIe siècles), les
protestants ont reporté cette touchante
tradition sur « l’enfant Jésus-Christ »,
lors de la Nativité. Au XXe siècle, avec
l’affaiblissement de la foi aux États-Unis
et en URSS, où la fête de Noël a disparu,
est apparue la représentation païenne
du père Noël (on ne sait rien sur son
lieu d’apparition : Laponie, Finlande,
Oustioug…).

CONCLUSIONS

Maintenant que les lieux saints de France s’ouvrent aux orthodoxes, au
fur et à mesure que leur histoire et leur signification sont mieux connues,
de plus en plus de croyants en Russie souhaitent venir en pèlerinage. J’espère
que notre récit y contribuera pour une bonne partie. Si, par exemple,
on veut connaître la Russie, il vaut mieux ne pas aller à Moscou, ville immense
dont on a bien du mal à démêler quelles sont les racines. Il est préférable
d’aller dans une petite ville, en province, dans ses profondeurs. Eh
bien, en découvrant que le Chef de saint Jean-Baptiste se trouve à Amiens,
on apprend beaucoup de choses sur l’histoire du lieu à qui échoit un tel
honneur, sur la Picardie. Le célèbre écrivain Jules Verne, en particulier, travailla
et vécut toute sa vie à Amiens ; la cathédrale, dépositaire de cette
relique, fut construite comme devant, par sa beauté et ses proportions
(elle est plus grande que Notre-Dame de Paris, au coeur de la capitale), être
digne du trésor qu’elle abritait, et ce, dans une ville dont la population ne
dépassait pas dix ou quinze mille habitants.

Où qu’on se trouve en France, ou presque partout, on peut bénéficier d’une
immense consolation spirituelle dans un lieu saint qui remonte aux premiers
temps, d’avant la séparation de l’universelle Église orthodoxe. Dès le
Ve siècle, en prologue au premier code de lois, dit « Loi salique », les Francs
avaient déclaré : « Vivat Christus qui Francos diligit » – « Gloire au divin
Christ qui aime les Francs ! » Que ces mots prononcés par les guides éclairés
de la Gaule soient la clé qui nous ouvre les portes du monde occidental. Nous
croyons que leur aide ne nous fera pas défaut si nous leur adressons nos
prières : « Tous les saints de la Gaule, priez Dieu pour nous ! »

Le prêtre Nicolas Nikichine a été le fondateur et le premier
directeur du Centre de pèlerinage du diocèse de
Chersonèse, affilié au Patriarcat de Moscou.